Profil de membre de l'IPIC pour la Journée internationale des femmes - Lauréate du Prix pour contribution exceptionnelle de l'IPIC 2021 de l’IPIC - Jenna Wilson
La Journée internationale des femmes, célébrée annuellement le 8 mars dans le monde entier, est une journée qui sert à reconnaître et souligner les réalisations sociales, économiques, culturelles et politiques des femmes et des filles, en plus d’une excellente occasion pour sensibiliser le public au progrès accompli dans la réalisation de l’égalité des genres et au travail qui reste à faire à cet égard. À l’échelle mondiale, de nombreux groupes se rassemblent pour célébrer les réalisations des femmes et des filles et pour se mobiliser pour l’égalité des femmes. Le thème de la campagne de cette année est « Embrace Equity » (Embrasser l'équité), car l'inclusion et l'appartenance véritables requièrent une action équitable, et parce que lorsque nous embrassons l'équité, nous embrassons la diversité et l'inclusion. Pour célébrer cette importante journée, l’PIC mettra en vedette d’importantes personnes qui représentent fidèlement les nombreuses femmes extraordinaires qui œuvrent au sein de la profession de la PI.
Jenna Wilson, Associée, Wilson Lue LLP, Lauréate du Prix pour contribution exceptionnelle de l'IPIC 2021
Jenna a plus de 20 ans d'expérience en droit de la propriété intellectuelle, plus particulièrement en matière de rédaction et d'obtention de brevets. Son travail en matière de brevets met l'accent sur les technologies émergentes et les domaines qui défient les limites du droit des brevets actuel, tels que la biotechnologie et les technologies de l'information. En tant qu'agent de brevets agréé, elle a rédigé des demandes de brevet et obtenu des droits de brevet pour des clients dans un large éventail de domaines allant de la médecine au pétrole et au gaz en passant par la technologie financière.
Pourquoi l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) sont-elles des valeurs importantes pour la profession de la PI?
Nos travaux sont fortement axés sur les entreprises et la technologie, mais nos clients (et nos collègues!) sont aussi des individus. En tant que professionnels, les conseils que nous formulons doivent être objectifs. Les préjugés inconscients, les malentendus et toute forme d’exclusion peuvent entacher ces conseils.
En outre, les bonnes relations durables avec les clients dépendent de l’intelligence émotionnelle qui comprend l’empathie et la tolérance. La reconnaissance et la pratique naturelle de l’EDI développent ces habiletés.
De quelle réalisation êtes-vous la plus fière?
Je suis très fière de mes enfants qui deviendront tous de jeunes adultes ouverts d’esprit et diversement créatifs, studieux et entreprenants, bien que nullement intéressés par le droit de la propriété intellectuelle.
Sur le plan professionnel, je suis fière de mes contributions au sein du Comité des brevets de l’IPIC, notamment en matière de défense de la profession et de représentation de nos clients devant l’OPIC et ISDE.
Le thème de l’édition 2023 de la Journée internationale des femmes est « #EmbraceEquity. » Selon vous, quelles mesures la profession de la PI doit-elle prendre pour Adhérer de plein gré aux principes d'équité
Le simple fait de donner à quelqu’un accès aux mêmes outils et services qui favorisent l’EDI ne résoudra pas le problème d’iniquité. Ce n’est pas de l’équité véritable, mais plutôt le fait d’accorder le même traitement à tous. Adhérer de plein gré aux principes d’équité sous-entend de donner à chacun les moyens dont il ou elle a besoin pour arriver au même résultat.
Cependant, la détermination des mesures à prendre variera en fonction de l’environnement spécifique. Aucun ensemble de mesures prescrites ne conviendra pour tous. Par exemple, les entreprises de plus grande taille pourraient envisager un remaniement des équipes et des groupes pour veiller à ce que chaque membre se sente à l’aise de participer aux conversations, alors que cette option pourrait ne pas être envisagée dans des entreprises de plus petite taille.
Peu importe ces mesures, il incombe à la direction de l’organisation de prendre l’initiative et d’être ouverte au changement.
Selon vous, comment peut-on individuellement adhérer aux principes d'équité pour influencer collectivement un changement positif?
Je pense qu’il est difficile pour des individus de comprendre ce que chacun peut réellement faire. Les aspirations à « promouvoir l’inclusion », « à favoriser un culture de diversité » ou « à mettre au défi les présomptions » sont convenables, mais très peu utiles pour définir les mesures positives que nous pouvons prendre au quotidien.
Sur le plan individuel, je préfère approcher chaque interaction avec autrui comme une possibilité d’apprendre et écouter dans le but d’entendre un nouveau point de vue. J’essaie aussi de ne pas oublier que l’opinion de chaque autre personne est aussi « bonne » que la mienne — ce qui est parfois difficile. Dans ces situations, j’apprends toujours quelque chose — au sujet d’une autre personne, culture ou opinion, et j’arrive même parfois à reconnaître mes propres préjugés et présomptions, ainsi que ce que je peux faire ou dire différemment pour promouvoir d’une certaine façon un traitement équitable.
Exprimez-vous contre l’injustice, le préjudice et le manque de respect lorsque vous en êtes témoin. Toutefois, ne prenez jamais le rôle de champion ou de porte-parole pour une autre personne sans sa permission. Si vous le pouvez, aidez plutôt cette personne à faire entendre sa propre voix, peut-être en faisant taire chaque personne présente, y compris vous-même.
Quels conseils aimeriez-vous formuler aux femmes qui aspirent à devenir des professionnelles de la PI?
Plusieurs chemins mènent à la réussite et la réussite se définit de différentes façons.
Par exemple, à mes débuts dans la profession juridique, je croyais qu’il existait une seule approche universelle pour créer et entretenir des relations et des réseaux dans les cabinets de Bay Street et du quartier adjacent — et je n’avais aucun intérêt pour le golf. Les activités de marketing conventionnelles comme les conférences, les événements sportifs, les invitations à prononcer des allocutions et la « proactivité » pourraient ne pas fonctionner pour les personnes introverties, timides ou neurodivergentes.
J’apprécie qu’on m’ait accordé le temps et l’espace nécessaires pour me permettre de trouver ma propre voie et mon propre créneau dans la pratique de la PI; j’aurais aimé les trouver encore plus tôt. Avec un peu de recul, je réalise que j’ai pris trop de temps avant de comprendre que ce qui fonctionne pour d’autres avocats ne marche pas pour moi et pour prendre confiance dans mes propres capacités.
Si vous le pouvez, trouvez dans un autre cabinet un mentor avec qui vous pouvez discuter de vos préoccupations et vos craintes, et qui vous aidera à reconnaître ce qui fonctionne pour vous.
Il est important de réaliser qu’il n’y a pas qu’une seule formule de réussite dans cette profession ou toute autre. Parlez à d’autres professionnels de la PI — certainement avec des femmes, mais non simplement avec des femmes — pour apprendre quelles réalisations sont importantes pour eux (elles) et quel chemin les a menés où ils (elles) sont aujourd’hui. Chacun aime partager le récit de ses origines.
Quel sera le plus grand défi pour la prochaine génération de dirigeantes dans la profession de la PI?
Réduire les disparités entre les genres à toutes les étapes du cheminement, de la scolarité à la gestion.
Les diplômés des STGM sont notre source de professionnels de la PI, plus particulièrement dans le domaine des brevets. En 2021, les chercheurs de Statistique Canada ont démontré qu’il y a toujours une importante différence entre les sexes en ce qui concerne la probabilité de s’inscrire à un programme universitaire en STGM, et plus particulièrement dans des disciplines très axées sur les mathématiques. Au cours de cette même année, l’OMPI a aussi estimé que la parité entre les inventeurs cités dans les demandes selon le PCT ne sera atteinte qu’en 2058.
Bien que la profession juridique revendique en général une meilleure représentation, il existe toujours une disparité entre les sexes en termes de rémunération. L’an dernier, un sondage réalisé par le Council Network et CCCA a conclu que la rémunération des femmes qui assument les fonctions de conseillère interne demeure inférieure à celle de leurs homologues masculins. La même observation est signalée en pratique privée.
Évidemment, la réduction des disparités sera possible seulement si un plus grand nombre de femmes accèdent à des postes qui permettent d’apporter des changements.