L'IA générative dans la pratique juridique : ce que les jeunes professionnels de la propriété intellectuelle doivent savoir
La profession juridique traverse une véritable révolution technologique avec l’adoption rapide d’outils d’IA générative tels que ChatGPT, Gemini et des plateformes juridiques spécialisées. Pour les jeunes professionnels de la propriété intellectuelle (PI) qui intègrent ce paysage en pleine mutation, savoir exploiter ces outils puissants tout en en connaissant les limites est essentiel pour réussir leur carrière et assurer leur développement professionnel.
Les avantages : comment l’IA générative peut aider
L’IA générative offre des atouts considérables aux jeunes professionnels de la PI souhaitant améliorer leur efficacité et leur productivité. Ces outils peuvent faciliter la rédaction de modèles initiaux pour les spécifications de brevets, les demandes d’enregistrement de marques, les réponses aux actions administratives et la correspondance avec les clients, en fournissant des points de départ solides qui peuvent vous épargner des heures de travail.
Grâce aux capacités de synthèse documentaire de l’IA, les jeunes professionnels de la PI peuvent extraire rapidement les informations clés de documents techniques, d’antériorités, de transcriptions des débats judiciaires, de longues décisions judiciaires ou de rapports d’examinateurs, rendant la préparation des dossiers plus aisée et plus minutieuse.
L’IA peut également servir d’assistant de recherche accessible, offrant des explications rapides de notions juridiques et techniques complexes, d’exigences procédurales et de différences liées aux compétences. Pour les jeunes professionnels de la PI qui sont encore en phase d’apprentissage, cet accès instantané à l’information peut accélérer l’acquisition des connaissances et renforcer la confiance lorsqu’ils abordent des domaines du droit ou de la technologie qui leur sont moins familiers.
Surtout, les outils d’IA aident à mieux gérer la charge de travail et les délais serrés, fréquents en PI. En automatisant certaines tâches courantes — recherche préliminaire, mise en forme des citations, révision de documents simples —, les jeunes professionnels de la PI peuvent consacrer davantage de temps au développement de leur esprit critique et à la consolidation des relations avec leurs clients.
Les risques et limites
L’utilisation de l’IA générative comporte des risques majeurs que les jeunes professionnels de la PI doivent comprendre et anticiper. Les systèmes d’IA sont sujets aux « hallucinations » : ils peuvent produire des références jurisprudentielles, des articles de loi ou des principes juridiques inventés, mais formulés de manière convaincante. Ils peuvent également s’appuyer sur des informations obsolètes ou ignorer des subtilités propres à certaines compétences, pourtant cruciales en PI.
Les enjeux de confidentialité et d’éthique constituent un autre défi majeur. Fournir des renseignements confidentiels sur un client à des outils d’IA externes peut enfreindre les obligations de confidentialité, contrevenir aux règles de conduite professionnelle et violer les politiques de l’employeur. De nombreuses plateformes d’IA conservent et réutilisent potentiellement les données fournies pour l’entraînement, exposant ainsi à des risques durables en matière de confidentialité.
Un autre danger important est le risque de dépendance excessive à ces outils menant à la perte de compétences professionnelles. Les jeunes professionnels de la PI qui s’appuient excessivement sur l’IA risquent de ne pas développer les aptitudes essentielles en raisonnement, recherche et analyse qui constituent le socle d’une pratique compétente en PI. À long terme, cette dépendance pourrait compromettre leur progression professionnelle et leur capacité à servir les clients efficacement.
Conseils pratiques
Pour tirer pleinement parti des avantages de l’IA tout en limitant ses risques, les jeunes professionnels de la PI devraient considérer le contenu généré comme un point de départ — et non comme une conclusion définitive. Il est essentiel de toujours vérifier les résultats dans des bases de données juridiques fiables, auprès de sources primaires et à la lumière de précédents établis, avant d’intégrer toute information produite par l’IA à un document professionnel.
Par ailleurs, il est indispensable de bien connaître les politiques et lignes directrices de son employeur concernant l’IA, ainsi que les exigences propres à son ordre professionnel ou organisme de réglementation. Ces règles peuvent limiter certains usages ou imposer des procédures d’approbation, et visent à protéger à la fois le professionnel et ses clients. Il faut aussi garder à l’esprit que les obligations professionnelles peuvent varier d’un professionnel de la PI à l’autre selon la fonction occupée et l’autorité de régulation.
En cas de doute, mieux vaut consulter un supérieur hiérarchique ou un collègue expérimenté sur l’usage approprié de l’IA, plutôt que de prendre l’initiative seul.
Surtout, il convient de considérer les outils d’IA comme un complément — et non un substitut — aux méthodes traditionnelles de recherche et de formation. Il est donc important de continuer à développer ses compétences fondamentales grâce au mentorat, à la formation continue et à l’expérience pratique de travail.
Conclusion
L’IA générative jouera sans conteste un rôle de plus en plus important dans la pratique de la PI. Les jeunes professionnels de la PI qui sauront combiner maîtrise technologique et solides compétences fondamentales seront les mieux placés pour s’épanouir dans cette profession en évolution, tout en respectant les plus hautes normes éthiques. L’essentiel est de trouver le juste équilibre : adopter l’innovation tout en préservant les capacités d’analyse et de réflexion critique qui définissent une pratique de la PI d’excellence.